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A propos de l'auteur

  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

Madame de Sévigné, Lettres du 21 octobre 1671 à Madame de Grignan.

1/ Le thème des nouvelles à recevoir et à annoncer

La lettre a à la fois une fonction informative et conative : elle informe Madame de Grignan des états d’âme de sa mère, et permet de maintenir un contact entre elle deux.

  • Obtenir « des nouvelles de ce pays là. »
  • lassitude des nouvelles de la cour qui tournent autour de lieux communs : topique propre à Madame de Sévigné. Le remariage de Philippe d’Orléans est une anecdote qui permet à l’épistolière d’exprimer son irritation.

    2/ La situation de communication

    Parler aux absents, parler des absents. La lettre est un moyen de communication qui a une dimension dialogique -problématique comme nous le verrons. Cette dimension dialogique se traduit par l’adresse au destinataire et l’abolition - fictive - des distances spatiales et chronologiques : « Vous avez M. de Coulanges présentement (…) mais vous ne l’aurez plus quand vous recevrez cette lettre. »

  • L’auteur de la lettre ;
  • Le destinataire : correspondance presque idéale, basée sur les relations mère-fille. L’échange épistolier consacre cette relation, permet de maintenir une intimité. Le destinataire a une fonction d’écoute. La fille écoute les plaintes de la mère.
  • Le monde extérieur : il se caractérise par la distance entre « Paris » et ce « pays-là », celui où se trouve Madame de Grignan. Il prend aussi la forme d’un discours polyphonique : La 1ère phrase « Vous avez M. de Coulanges présentement » est sans doute la reprise d’une information reçue. On trouve aussi dans cette lettre le compte-rendu d’une missive de l’abbé de Pontcarré (aumônier du Roi) donnant des détails sur les acteurs de la cérémonie. On peut étudier comment cette lettre s’insère, grammaticalement, dans la lettre de Madame de Sévigné, et sa propre réponse qu’elle cite ici (notion de réécriture) : « Je viens d’écrire à l’abbé de Pontcarré que je le conjure de ne m’en plus rompre la tête (…)qu’en un mot, je n’en veux plus entendre parler qu’ils n’aient couché et recouché ensemble ; que je voudrais être à Paris pour n’entendre plus de nouvelles ; » : étudier ici le système de la subordination et du discours indirect. La lettre de l’abbé permet aussi de distinguer ce qui relève des informations de la cour -le monde extérieur - et ce qui tient de l’expression des sentiments personnels.

    3/ Le registre élégiaque de la lettre

  • Après le départ de Madame de Grignan en Provence, les lettres de Madame de Sévigné se caractérisent par leur tonalité élégiaque. Une communication illusoire : la dimension élégiaque de la lettre. « Ce pays là » : celui où se trouve sa fille, dont elle souhaite des nouvelles sur sa santé. Toute autre nouvelle ne fait que lui « rompre la tête ». Plainte désespérée à la fin de ce passage : « Hélas ! il ne m’en faudrait guère prier pour me faire pleurer présentement ».
  • L’éloquence de Madame de Sévigné : de l’usage des hyperboles -les répétitions grammaticales et lexicales, les effets de style, le registre ironique.