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Accueil || Licence de Lettres || Licence Pro || Cinéma || La fée de Dominique Abel

« Merci d’être venu, c’est bien ! Vous êtes plus nombreux qu’à Niort ! » Voilà les quelques mots d’introduction de Domique Abel et Fiona Gordon venus à la Coursive de La Rochelle pour nous présenter leur troisième film réalisé avec Bruno Romy intitulé : La fée.

Ils ont ensuite ajouté qu’ayant déjà vu le film, ils s’en allaient diner pendant la projection...

Cette surprenante présentation était à leur image, il n’en fallait pas plus pour introduire leur film ; une histoire simple mais savoureuse.

Un gardien de nuit maladroit tombe amoureux d’une fée « aux ailes grillées » internée en hôpital psychiatrique. Ils sont accompagnés de fous , de sans-papiers, d’un anglais cleptomane et son chien d’une équipe féminine de rugby, de policiers pas bien malins et d’un serveur très mal-voyant. Tout ce petit monde se croise, ou se poursuit dans le paysage urbain du Havre.

On s’attend à visionner encore un film social avec des gens paumés et malheureux. Paumés certes, ils le sont mais grâce au talent poétique et burlesque de leurs auteurs, grâce leur imagination démentielle, le lourd quotidien se métamorphose en un tendre conte de fée, en une histoire d’amour à laquelle malgré les énormes ficelles on a envie de croire. Pour réussir à nous emmener dans leur fable les auteurs alternent des gags parfois lourds, de la danse, beaucoup de musique et quelques rares dialogues : « Je vous préviens je parle très peu » nous préviens Dom à son premier rendez-vous avec Fiona. Les plans sont souvent fixes dans des décors urbains : toits d’immeuble, containers, mers, immeubles mais dans des tons très colorés, tout en contraste.

Les acteurs s’offrent à nous dans toute leur fragilité, sans maquillage, ni artifice. Le spectateur se laisse attendrir jusqu’à éprouver de la tendresse pour ces deux « bras cassés ». Ils ne possèdent rien, ils sont maladroits, totalement décalés par rapport aux valeurs de notre société, leur bébé est en danger de précarité. Et pourtant, on se surprend à la fin du film à penser « Ils s’aiment, ils aiment leur bébé, ils sont heureux ; laissons-les tranquilles ! » Sans aucun discours moralisateur, les réalisateurs nous offre un magnifique éloge de la fragilité.