Recherche

A propos de l'auteur

Accueil || Licence de Lettres || Licence Pro || Musique || Johnny Cash !

Galerie image

  • (|ptobr)

Artiste : Johnny Cash -
Titre de l’album : At Folsom Prison / At St Quentin -
Style : Country/ Folk.

Le très bon biopic Walk The Line nous a donné une furieuse envie de redécouvrir Johnny Cash. La quintessence de son œuvre se situe dans les 60’s, et ces deux Live enregistrés en prison, à Folsom en 1968 et à St-Quentin en 1969, en font partie. Parfaitement complémentaires (peu de chansons en commun), parfaitement indispensables ! Johnny Cash avait insisté pour enregistrer ses Live parmi les marginaux auxquels il s’est toujours identifié ; il jouait souvent à Noël en prison. Le chant est parfait et la guitare nerveuse. Le chanteur est à peu près clean de drogues et a épousé son ange gardien, June Carter (qui chante avec lui sur les deux disques). Cela ne l’empêche pas d’interpréter la très trash Cocaine Blues écrite par un détenu (qui n’exprime aucun regret d’avoir abattu sa femme mais un réel plaisir à se défoncer !). Très énervé des exigences de la maison de disques qui a exigé de lui des chansons précises, il annonce assez rapidement qu’il fera au contraire le jukebox pour jouer ce que les détenus veulent entendre... ce qui fait un carton avec notamment la mythique Folsom Prison Blues commune aux deux disques, balade d’un prisonnier qui voudrait juste pouvoir prendre le train comme tout le monde mais sans ressentir aucun remords... La phrase "But I shot a man in Reno, just to watch him die" déclenche des rugissements de plaisir qui rappellent sans ambiguïté que ce public est quand même... dangereux. De même il interprète, bien sûr sans l’avoir annoncé aux organisateurs, l’explosive balade St-Quentin, torrent de haine contre le monde carcéral dont on imagine sans mal quel effet jubilatoire elle a dû faire aux prisonniers.
Mais tout n’est pas aussi violent : Johnny Cash est aussi ici pour faire son one-man-show, grâce à un sens de la répartie assez fabuleux. "Hey, this is being recorded, so you can’t say hell, or shit, or anything like that !" prévient-il rapidement, avec un sens de l’humour sarcastique qui fait merveille devant les taulards. Humour incroyablement noir aussi dans 25 minutes to go, décompte du temps avant la corde et qui finit dans un étranglement... osé de chanter ça ici, mais les détenus, dont certains sont des condamnés à mort, apprécient qu’on leur parle d’eux. Moins grinçante, Egg suckin’dog parle avec affection d’un vieux clébard (qu’on a quand même envie de flinguer parfois), ou encore A Boy named Sue faisant hurler de joie le public. Il se moque aussi de la couleur de l’eau qu’on sert en prison, répond aux interpellations du public : il les aime sincèrement et ils le lui rendent bien ! Car le plus important est l’émotion incroyable qui passe sur certains titres. Certaines chansons ont dû faire sangloter même les tueurs d’enfants, comme Send a Picture of Mother. Et surtout la bouleversante Give My Love to Rose. Vers la fin de chaque live, Johnny Cash a un autre culot, peut-être le plus énorme : celui de partir dans des chansons chrétiennes comme He turned Water into Wine, Ring of Fire ou Greystone Chapel. L’interprétation étant belle et le public conquis, cela passe comme « une corde autour d’un cou ». Sa vision personnelle de la rédemption est acceptée même par des détenus pas forcément croyants. Au final et au risque d’être grandiloquent, l’assemblage de ces deux enregistrements, soit 37 chansons au total, constitue certainement l’un des meilleurs Live en langue anglaise de tous les temps !

BIBLIOGRAPHIE

CASH Johnny, CARR Patrick, DAZIN Emmanuel. Cash, l’autobiographie / Johnny Cash. Ed. Le Castor Astral, 2005. 356 p. Collection Rock Attitude.

KLEIST Reinhardt, RICKER Fabrice. Johnny Cash : Une vie (1932-2003). Ed. Dargaud, 2008. 205 p. Collection Johnny Cash.

SANDERS Alain. Les couleurs de l’homme en noir : Johnny Cash. Ed. Atelier Fol’Fer, 2011. 188 p. Collection Go West.

MILLER Stephen. Johnny Cash, une icône américaine. Ed Camion Blanc, 2008. 528 p.