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A propos de l'auteur

  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

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La définition du naturalisme est problèmatique dans la mesure où ce mouvement littéraire entre en comparaison avec le réalisme. Ainsi, certains théoriciens le définissent systématiquement par rapport au réalisme, dont il serait une manifestation, un courant éphémère. Les problèmes soulevés relèvent avant tout de l’histoire littéraire (voir Auerbach, Mimesis, 1968). Par ailleurs, le naturalisme est systématiquement associé au nom de Zola, pour qui il est « une méthode, et non une rhétorique, une stylistique, ou une thématique. » (Yves Chevrel, Le naturalisme, étude d’un mouvement littéraire international, PUF, 1993, p.19)
Dans Le messager de l’Europe, Zola donne un premier article en 1875 et parle de « l’école naturaliste » en donnant cette célèbre définition : « Une œuvre est un coin de la nature vu à travers un tempérament »(Y. Chevrel, op.cit)
C’est dans divers revues et journaux qu’Emile Zola défend ce qu’il considère dans les années 1880 comme « la forme actuelle et vivante de la littérature contemporaine » (ibid. p.125) Pour lui, le naturalisme n’est pas une façon d’écrire mais une méthode de recherche qui s’appuie sur les sciences. Dans Le Roman expérimental, il entend « résoudre scientifiquement la question de savoir comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société »(ibid.)
_ Etudier le motif de l’enfance à travers certains extraits des romans d’Emile Zola, c’est approcher la méthode naturaliste de l’écrivain, dans la mesure où les enfants zoliens sont le plus souvent introduits dès leur plus jeune âge dans un monde d’adultes et dans une société que la littérature naturaliste tente d’analyser et de décrire.
_ Nous étudierons donc le naturalisme à partir de quatre extraits des romans d’Emile Zola, puisque c’est dans le genre romanesque que ce mouvement littéraire a trouvé son expression la plus éclatante. Les passages choisis sont extraits de L’Assommoir, de Pot-Bouille, de La joie de vivre et de Germinal.
Chaque extrait met en avant le thème de l’enfance et de la corruption dont il fait l’objet, soit par nature, soit à cause des rouages d’une société qui l’exploite, pour le travail dans Germinal ou pour son argent (héritage) dans La joie de vivre.

_ La problématique littéraire et didactique qui constituera l’axe d’étude de notre groupement sera donc la suivante : dans quelle mesure le personnage de l’enfant permet-il au romancier d’observer « comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société » (Le roman expérimental). Quelle image de l’enfant le romancier donne-t-il ? Quel rôle joue la société, et en particulier le regard des adultes dans ces extraits de romans naturalistes ?

Pour bâtir sa séquence didactique, le professeur aura à sa disposition principalement l’ouvrage d’Yves Chevrel, Le naturalisme, qui offre l’avantage d’étudier la dimension européenne de ce mouvement littéraire, ainsi que Les Cahiers Naturalistes dont les articles, sur des points précis, peuvent se révéler très utiles.

Cette séquence didactique sur le naturalisme s’appuiera sur les prérequis suivants : on s’attend à ce qu’un élève de Seconde ait étudié, au cours de sa scolarité, le genre romanesque. Il faudra en effet que les élèves aient en tête les caractéristiques du genre, ainsi que quelques notions touchant à l’étude du récit.

_ Nous situerons cette séquence au début du second trimestre, après avoir étudié un recueil de nouvelles de Maupassant. Il faudra par ailleurs amener les élèves à s’interroger sur la notion de mouvement littéraire, en soulignant explicitement le rôle joué par Maupassant dans le naturalisme.

Nous commencerons par étudier l’extrait de Germinal dans la mesure où il se distingue des autres. On mettra notamment l’accent sur la technique du récit rétrospectif qui permet de souligner le poids de la société sur l’individu, de la naissance à l’âge de la vieillesse. Les trois autres textes abordent l’éducation des filles.
Nous verrons avec l’extrait de Pot-Bouille les précautions prises par une mère qui a élevé sa fille dans l’ignorance totale, pensant ainsi la préserver des dangers de la société. Là aussi, il s’agit d’un récit rétrospectif, qui prend, comme dans l’extrait de Germinal, le prétexte du dialogue pour faire un retour en arrière.
L’extrait de L’Assommoir se présente comme le versant opposé de celui de Pot-Bouille : il montre les ravages de l’absence d’éducation et met en avant la nature vicieuse d’une jeune fille, corrompue tout autant par la société que par l’hérédité qui pèse sur elle. _ Enfin, avec l’extrait de La joie de vivre, c’est la famille, cette micro-société, que Zola examine, avec son lot de misères et de corruptions.

Descriptif des séances :

  • Séance 1 (2heures).
    Germinal Questions de préparation :
  • Rechercher la signification des termes techniques. Quel effet produisent-ils ?
  • Relever les indications temporelles. Que remarque-t-on ?
  • Quelle est ici la fonction du discours indirect libre ?

    L’étude de ce texte consistera en un commentaire orienté sur les points suivants :

    I/ Un récit rétrospectif : étude des techniques narratives de Zola dans cet extrait.
    En particulier :

  • Le discours indirect libre ;
  • Les descriptions : la peinture du monde de la mine.

    II/ Les personnages et leur destin

  • fonction programmatique de l’extrait ;
  • rétrospective d’une vie ;
  • La symbolique du corps.

    Séance 2 (1heure)
    Pot-Bouille

    Questions de préparation :

  • Relever les indications qui prouvent qu’il s’agit bien d’un récit rétrospectif.
  • Analyser le discours indirect libre.
  • Quels principes éducatifs cette mère met-elle en avant ?
  • Quelle image de l’enfance Zola veut-il donner dans ce texte ?

    On fera de ce texte une lecture analytique. On mettra en avant le thème de la morale sociale qui dans ce texte illustre le projet naturaliste de notre auteur : montrer comment l’être humain se comporte en société. La société est d’ailleurs synonyme de corruption, elle est considérée comme le mal. La famille et la société deviennent alors le lieu d’ oppositions manichéennes : la mère et la fille étant du côté du bien et donc de l’ignorance, la société et tout ce qui la représente (l’air respiré, l’enseignement, la lecture des journaux ou des romans) étant du côté du mal.

    Séance 3 (1 heure)

    L’Assommoir

    Questions de préparation :

  • Comparer l’éducation reçue par Nana avec celle de Marie : quelle image de la société Zola donne-t-il cet extrait ?
  • Etudier la dimension dramatique (théâtral) du personnage de Nana, en particulier dans les descriptions.
  • En quoi la rue peut-elle être considérée comme la scène sur laquelle évoluent les deux personnages féminins ?

    On fera de ce texte une lecture analytique en montrant que le thème de la rue est associé à celui du vice, que ce lieu est propice au spectacle de la perversité des filles. On verra aussi que Nana est le type même de l’enfant naturaliste exposée aux dures réalités du monde des adultes.

    Séance 4 : 1 heure

    La joie de vivre

    Questions de préparation :

  • Quelle fonction joue le premier paragraphe dans le récit ?
  • Comparer Pauline aux deux autres personnages féminins du groupement.
    Quelle image de la famille apparaît dans cet extrait ?
    Que symbolise l’argent ?

    Nous verrons avec ce texte, pour conclure ce groupement, que la société pervertit l’individu quel que soit le milieu familial, dont plusieurs versions sont présentées. On fera remarquer aux élèves les romans de Zola présentent des « personnages prématurément introduits dans une société adulte » (in Cahiers naturalistes, n°74, 2000, p.164, article de Jeremy Worth : « L’enfant zolien : victime et vengeur).

    En guise de prolongement, on pourra proposer aux élèves l’étude intégrale d’une œuvre de ce groupement.