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A propos de l'auteur

  • Ludivine MADY

    Étudiante en 2ème année de licence de Lettres modernes à l’université de La Rochelle.

Accueil || Licence de Lettres || Tocqueville || Du point de départ et de son importance pour l’avenir des Anglo-Americains, chapitre II du tome I, De la démocratie en Amérique de Alexis de Tocqueville, édition Gallimard, collection FolioHistoire. Analyse de la p69 à 82.

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  • Liberté

    Liberté

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Tocqueville amorce son chapitre tout comme débute la vie des hommes, par le commencement. Il développe l’idée qu’à la naissance chaque personne est neutre. C’est son environnement qui lui donne un regard sur le monde et la fait devenir ce qu’elle est. Tocqueville réfute ainsi l’idée qu’on ne naît pas avec son identité mais qu’on se la crée au cours de notre existence. Comment l’identité qu’on se fabrique nous amène t-elle vers un but commun ? Tocqueville utilise le mot « germe » pour élucider l’identité anglo-américaine qui va se fabriquer,«  Assez près de l’époque où les sociétés américaines furent fondées, pour connaître en détails leurs éléments, assez loin de ce temps pour pouvoir juger ce que ces germes ont produit, les hommes de nos jours semblent être destinés à voir plus avant que leurs devanciers dans les évènements humains. »

Tocqueville n’étudie pas l’Amérique par hasard. Elle possède un avantage par rapport à l’Europe, on peut en déterminer son origine. En connaissant l’origine d’un peuple, on sait d’où provient notre culture. Il est très difficile en Europe de remonter jusqu’aux origines. L’Amérique connaît son fondement, ce qui permet de mieux connaître son peuple et d’avancer vers l’avenir. Tocqueville veut trouver le point de départ d’une société, ce qui explique ce qu’elle est devenu par la suite. C’est en cela qu’il justifie son choix d’étudier l’Amérique.

Si L’Amérique connaît son origine, on peut en déterminer son mode de fonctionnement, qui est une société démocratique. Tocqueville rejoint cela en favorisant la communauté, l’association. Une communauté agit pour soi et pour les autres également. Il explique que les colons qui sont venus s’exiler en Amérique étaient pour certains des gens de pauvres conditions. Ainsi, ces gens partent pour trouver un meilleur avenir, ce qui est considérablement favorable à l’égalité d’une société. A contrario, les émigrants de nobles conditions, viennent pour l’argent et pour de cupides besoins. Cependant, les hommes riches ont toujours échoués, car selon Tocqueville, il règne en Amérique « un air de démocratie ». Tocqueville amène ainsi l’idée que la population émigrante a favorisé ce qu’est devenu l’Amérique.

Ainsi, apparaît à nouveau le mot «  germe », «  Toutes les nouvelles colonies européennes contenaient, sinon le développement , du moins le germe d’une complète démocratie. ». Cette « nouvelle démocratie » est amenée par ces émigrants anglais. Qui sont-ils ? Par la suite, Tocqueville l’annonce clairement : Des puritains. Pour Tocqueville, ils sont à la recherchent d’une terre qui acceptent leur rigueur, leur foi religieuse ainsi que leurs valeurs démocratiques incontournables. Ainsi, les anglais puritains allèrent en Amérique, et renforcèrent le « germe » de la démocratie.

Tocqueville analyse ensuite la notion de propriété. Cette notion est portée par le peuple européen, les sociétés aristocratiques. Il explique que les aristocrates veulent être puissants et cela passe essentiellement par les propriétés terrestres. Mais les grands seigneurs qui migrèrent en Amérique n’arrivèrent pas à imposer leur société aristocratique. Les américains possèdent des terres mais pas dans le but de se détacher hiérarchiquement de ses concitoyens. Ainsi, Tocqueville déclare « Toutes les colonies anglaises avaient donc entre elles, à l’époque de leur naissance, un grand air de famille ». Pour Tocqueville, les anglais n’ont pas dénaturer l’Amérique. Comment les anglais ont su s’adapter à leur nouvelle terre et créer une société démocratique ? Tocqueville répond à cela en énonçant les trois idées principales qui forment aujourd’hui les bases de la théorie sociale des États-Unis.

Tout d’abord la première idée principale qui est la base d’une démocratie, c’est l’égalité. Les anglais en arrivant en Amérique ont vu une société «  sans pauvres ni riches », une société où régnait la notion d’égalité.
Tocqueville explique que les émigrants anglais qui débarquèrent en Amérique quittaient une situation favorable. Rien ne les obligeaient à déménager de leur pays, mais ils le firent au nom d’un idéal commun. Leur but n’est donc pas de recréer les conditions confortables acquises en Angleterre, mais de venir en Amérique pour développer leur idéologie. Le deuxième point principale est donc se centrer vers un but commun.
Ce qui nous amène à la troisième idée principale, qui sont des mœurs de nobles valeurs. Le but commun des émigrants est essentiel pour avancer dans une société démocratique, mais il faut que ce même but soit estimable, ce qui est le cas des émigrants pour Tocqueville, «  ils apportaient avec eux d’admirable éléments d’ordre et de moralité ». Qui sont ces émigrants qui amènent en Amérique un but honorable ?

Comme nous l’avons vu plus haut, Tocqueville nomme les émigrants anglais, ce sont des puritains. De ce fait, il utilise « ces pieux aventuriers », qui renvoient aux puritains anglais qui débarquèrent en Amérique. Le terme « pieux » révèle l’opinion positive, voire admirative, de Tocqueville sur la colonisation anglaise en Amérique (qu’il nomme « Nouvelle-Angleterre »). Il justifie son propos avec le récit de Nathaniel Morton, un historien présent dans les premières années de la Nouvelle-Angleterre. Cet historien nous raconte son devoir de mémoire sur l’origine de la colonisation, qu’il retranscrit de manière quasi divine, telle une bénédiction de Dieu. Tocqueville amène ainsi l’idée que les puritains ont crée une société mêlant valeurs religieuses, morales et sociales strictes dans un but d’élévation de leur société, « Il est impossible de lire ce début sans être pénétré d’une impression religieuse et solennelle ».

A travers l’écriture de Nathaniel Morton, le travail de l’historien est ici un travail de transmission de l’Histoire de la Nouvelle-Angleterre. Une transmission indispensable pour les héritiers de cette terre. L’historien retranscrit l’émotion de cette nouvelle société qui commence. Tocqueville en utilisant ce récit, montre la foi profonde par laquelle étaient touchées les anglais. Le but de ces extraits n’est pas de révéler la manière dont les anglais sont parti en Amérique, mais de voir à quel point cela leur était important d’accomplir ce périple pour leur foi et leur pensée commune. Les extraits choisi par Tocqueville nous montrent une entrée en Amérique tel Moïse arrivant en Terre Promise, «  Autour d’eux n’apparaissaient qu’un désert hideux et désolé, plein d’animaux et d’hommes sauvages, dont ils ignoraient le degré de férocité et le nombre. […] Pour trouver un peu de paix et d’espoir, ils ne pouvaient tourner leurs regards qu’en haut ». Ces connotations presque sacrées élèvent le statut des anglo-américains.

Tocqueville explique par la suite comment les émigrants anglais débarquent dans un but positif et non destructeur. Il présente la colonisation d’un point de vue constructif pour tout le monde. Il énonce le fait que les colons ne sont pas arriver en Amérique pour imposer leur régime mais pour « s’organiser en société ». Les puritains ne cherchent pas à créer une société ou émaneraient des différences (telle qu’en Europe), mais une société qui tendrait vers l’égalité dans un but communautaire. A l’époque des colonisations, l’Angleterre était dirigé par Charles Ier qui conservait la distinction entre les classes. Pour Tocqueville, ce système « despotique » incite les classes moyennes à partir en Amérique pour trouver une société plus égalitaire. De ce fait, les émigrants sont prêts à fonder une démocratie. Cela est permis seulement par les colons anglais. Tocqueville décrit les trois systèmes mis en place par les États pour gouverner leurs colonies. Le premier consiste à nommer un gouverneur choisi par le roi, le roi le laisse diriger la colonie, mais en étant toujours soumis directement à ses décisions Le deuxième concentre le pouvoir d’un petit groupe d’individus qui possèdent un grand nombres de terres et disposent alors des pouvoirs politiques et civils, toujours contrôlés par le pays. Puis le troisième système consiste à donner le pouvoir à un groupe de personnes, afin d’en faire une société autonome, dans le sens qu’elle se dirige d’elle-même, en étant quand même sous la tutellisation de l’État. Ce dernier système beaucoup plus libre est le seul à être utilisé par l’Angleterre. C’est à ce système anglais que Tocqueville fait référence dans «  ce mode de colonisation si favorable à la liberté » . Une liberté que l’Angleterre laisse à ses colons, développant de toute part la liberté de la Nouvelle-Angleterre. Ainsi, on comprend mieux le titre de ce chapitre, « et l’avenir des Anglo-Américains » qui nous révèle un avenir engageant avec la naissance de la démocratie américaine.