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A propos de l'auteur

  • Valérie PEREZ

    Fondatrice de ce site et auteur de la majorité des articles mis en ligne.
    Professeur agrégée et docteur en philosophie.

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Avec une classe de Seconde, vous étudiez Deux acteurs pour un rôle de Théophile Gautier.

Vous construirez un projet d’ensemble fondé sur l’étude du genre de la nouvelle.

Les séances ne sont pas détaillées mais sont données sous forme de plan. le jour du concours tout doit être rédigé.

Longtemps, les textes brefs ont été associés au merveilleux et à l’étrange. Si la nouvelle naît du conte, en ce qu’elle renouvelle le merveilleux du XVIIIe siècle, elle s’en détache essentiellement par ses thèmes. Ainsi, au XIXème siècle, le genre de la nouvelle est souvent lié au registre fantastique dont Théophile Gautier est l’un des principaux représentants.
Les thèmes du double et de la folie du héros jalonnent toute son œuvre. Dans Deux acteurs pour un rôle, l’introduction de ces thèmes est facilitée par celui du théâtre. Si le double fait partie des topoï de la littérature fantastique, s’il en est un des motifs obligés, il est chez Gautier un motif récurrent : ses héros sont des personnages ambiguës, et c’est cette ambiguïté qui les dédouble. Dans cette nouvelle de Gautier, le théâtre est le cadre idéal de tout un jeu sur la dualité.

En effet, ce qui caractérise la nouvelle fantastique, ce n’est pas seulement la place donnée à des personnages hors du commun (ici le diable) dans un univers réaliste, mais c’est surtout l’ambiguïté qui demeure sur eux, pour le lecteur et le personnage. C’est cette ambiguïté, cette hésitation qui permet de dire si la nouvelle relève du fantastique.

C’est ainsi que le passage entre le monde réel et le monde irréel sera déterminant dans l’œuvre. Le rire diabolique dans le « gasthof de l’Aigle à deux têtes » est un moment clé qui sonne comme un écho de l’irréel dans le réel.

Nous choisirons de réfléchir aux enjeux narratifs et fantastiques de la nouvelle à partir de Deux acteurs pour un rôle de Théophile Gautier. Un jeune comédien promu à grand avenir dans le monde du théâtre rencontre sa fiancée dans un parc. Celle-ci tente de le dissuader de poursuivre ses activités. Elle est inquiète du rôle qu’il doit jouer. En effet, Henrich (tel est son nom), se doit de représenter le diable. Ce dernier, le trouvant piètre imitateur, se moque de lui en lui donnant une leçon sur le rire. Insatisfait de la prestation du jeune homme sur scène, il finit par l’évincer dans l’arrière-scène, non sans lui avoir auparavant griffé les épaules de ses ongles diaboliques. Le jeune homme survivra à cette tentative de meurtre grâce à un petit crucifix d’or offert par sa fiancée.

Le choix de cette nouvelle est motivé par la présence de personnages, de décors et de thèmes particulièrement significatifs du genre de la nouvelle et du registre fantastique. En outre, ce texte est aussi révélateur de l’esthétique de Théophile Gautier qui mêle fantastique et humour : le ton désinvolte sera étudié comme révélateur de la face caché du quotidien et de la cruelle ironie sur soi-même.

La problématique littéraire et didactique qui constituera l’axe d’étude de cette œuvre intégrale sera la suivante : en quoi l’univers du théâtre permet-il de cerner puis de mettre en cause le fantastique dans cette nouvelle de Gautier ? Quels effets produit-il sur le déroulement de la narration, sur l’intrigue et sur les personnages ?

Il s’agira de montrer aux élèves que le théâtre donne une nouvelle dimension au fantastique, dans la mesure où la scène théâtrale joue sur la confusion des rôles

Pour bâtir sa séquence didactique, le professeur aura à sa disposition principalement l’ouvrage de Tzvetan Todorov Introduction à la littérature fantastique, Points Seuil. Il y trouvera, outre la définition du fantastique, les distinctions à faire avec l’étrange et le merveilleux et les thèmes du fantastique. Ces considérations théoriques pourront l’aider à faire réfléchir les élèves sur les interrogations suivantes : _ à quel double de l’homme renvoie le diable ? pourquoi condamne t-il le héros à se résigner à une vie monotone ? en quoi est-ce angoissant ? en quoi est-ce ironique ? Le déroulement de la narration suggère-t-il une réponse à ces questions ?

Cette séquence didactique sur l’étude d’une nouvelle s’appuiera sur les prérequis disciplinaires suivants :

On attend qu’un élève de Seconde ait étudié au collège, sous la forme de textes intégraux, au moins deux ou trois récits, et en particulier des nouvelles. Les élèves doivent ainsi maîtriser :

  • la notion de texte narratif, par rapport aux autres genres que sont la poésie et le théâtre ;
  • Le schéma narratif ;
  • Les actions, l’intrigue, les séquences ;
  • Les fonctions des temps ;
  • Les fonctions du narrateur.

    En raison de l’accès aisé de ce texte et de ces prérequis, son étude pourra figurer au 1er trimestre dans le cadre de l’étude du récit telle qu’elle est définie dans les documents d’accompagnement des nouveaux Programmes de Seconde, mais aussi dans l’étude des genres.
    L’histoire littéraire pourra être également mise à profit. Dans l’optique de la lecture cursive, les élèves liront les Contes cruels de Villiers de l’Isle-Adam. Ils auront à y faire des fiches thématiques et un contrôle de lecture sur Vera, Le Convive des dernières fêtes et Les Brigands sera fait en classe.

    L’ordre d’étude que nous donnerons à cette œuvre intégrale ne suivra pas le déroulement narratif. _ En effet, l’œuvre sera d’abord considérée comme un tout dans lequel narration, dramaturgie et fantastique tissent des liens au fil du texte, depuis son ouverture jusqu’à sa clôture.

    Le texte aura été distribué au préalable aux élèves avec la consigne suivante : dans quel genre classez-vous ce texte ? Pour quelles raisons ?

    Plan des séances (le jour du concours tout doit être rédigé)

  • 1ère séance :

    En quoi ce texte est-il une nouvelle ? Schéma narratif, personnages, décor. En quoi peut-on le rapprocher du théâtre : 3 actes, décors précis, didascalie, début d’une intrigue amoureuse à laquelle s’oppose un père.

  • 2ème séance :

    Lecture méthodique de la 1ère partie. Topos de la rencontre amoureuse secrète.
    Mise en place des thèmes de la nouvelle : le théâtre contre l’amour conjugal, le diable contre le métier de pasteur, la pauvreté contre la richesse, l’obscurité contre les feux de la rampe : voilà un personnage qui présente déjà les signes d’une personnalité double.
    On montrera comment l’écriture de Gautier suggère cette tension qui anime le personnage de Henrich tout en jouant sur les clichés : le parc, le bras potelé et sur l’humour dont la fonction ne sera dévoilé qu’en fin séquence. Il conviendra aussi d’étudier la présence discrète de l’irréel dans le réel, suggéré notamment par le motif religieux. On amènera les élèves à définir la notion de réalisme fantastique.

  • 3ème séance :

    Les figures masculines. Le professeur aura demandé aux élèves de noter les noms des personnages masculins -présents ou jouant un rôle symbolique et d’expliquer en quoi consiste leur rôle. On montrera qu’ils servent à révéler les différentes facettes du héros (obstacle d’un père, vanité du comédien, pudeur de l’étudiant, provocation du chrétien, …).

  • 4ème séance :

    On étudiera conjointement deux extraits :

    - partie II depuis « Seul, un homme assis à la table voisine » jusqu’à la fin de cette deuxième partie.

    - partie III : depuis « Henrich ne put méconnaître l’inconnu » jusqu’à la fin.
    Les élèves auront eu pour consigne d’analyser les différents points de vue des personnages, du narrateur et du lecteur sur la présence du diable.

    L’objectif de cette séance est de cerner le registre fantastique et de montrer que dans ce texte il est problématique. Dans cette séance de deux heures, le professeur donnera à lire aux élèves une nouvelle fantastique très brève mais répondant aux critère du genre de manière plus canonique (Poe ou Maupassant).

    On soulignera dans cette séquence l’exploitation par l’auteur du thème du théâtre : présent dès le début du texte, il finit par renvoyer le personnage à lui- même, après un renversement de l’ordre des choses. L’envers du décor, c’est la réalité, après le passage du fantastique. Il souligne l’échec du jeune homme qui prend ses désirs pour des réalités.

  • 5ème séance :

    Il sera demandé aux élèves l’exercice d’écriture suivant - Sujet d’invention type bac - : « Imaginez le compte-rendu qu’aurait pu faire la fiancé d’Henrich après la dernière représentation.