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A propos de l'auteur

Louis de Jaucourt, article « Presse »

La 4ème séance aborde donc l’article de Jaucourt et définit la spécificité de ce texte normalement neutre en tant qu’article. Les élèves ayant vu précédemment l’élaboration d’une stratégie argumentative originale, ils peuvent tenter de retrouver la démarche ici utilisée. Donc, on leur demandera simplement de trouver les articulations de ce texte et de montrer la particularité de ce texte.

On attend qu’ils repèrent les marques de l’énonciation différentes du texte précédent avec notamment un « on » qui ouvre le texte et qui est déjà surprenant dans un texte à visée didactique. Ce « on » exclusif à valeur générale annonce déjà un texte qui ne répond pas aux objectifs de ce genre, tout comme l’interrogation indirecte qui suit. Cette question est également oratoire puisque la réponse suit immédiatement en précisant qu’elle « n’est pas difficile ». Un « je » apparaît dès le début du texte et prend position fortement avec l’incise « je dis plus ». La thèse est annoncée clairement avec une prise de position péremptoire.
Non seulement l’auteur s’implique dans ce texte mais très vite il entraîne le lecteur avec lui avec le « Nous » qui est au début du second paragraphe. Le texte développe très vite trois arguments qui sont les suivants :

-  la lecture de la presse est une lecture privée qui ne peut pas créer de troubles de masses ;

-  les rumeurs à propos d’écrits permettent de prévenir d’éventuels problèmes et ces rumeurs ne sont pas plus pernicieuses que le bouche à oreille, le monarque de ce fait ne court ni plus ni moins de risque avec des écrits ou des paroles ou la parole est autant à craindre que l’écrit ;

-  « Enfin », interdire la presse (« défendre cette impression non autorisée ») ou « punir tout ce … déplaît » favorise « les séditions et les libelles ».

La liberté de la presse représente alors toutes les libertés (d’où son importance primordiale) puisque la censure devient « un attentat contre le liberté ». L’Angleterre est encore donnée en exemple pour la liberté de la presse.

On remarquera qu’outre le fait de ne pas répondre à la définition annoncée du mot « presse », l’article devient vite une revendication ou une défense pour la liberté d’expression et la stratégie argumentative est moins masquée que dans le texte précédent. Le premier argument tend à annuler un préjugé, le deuxième rassure le monarque et le troisième se fait plus menaçant en évoquant les révoltes possibles.

On comprend alors que l’Encyclopédie n’est pas un simple dictionnaire comme nous l’entendons aujourd’hui mais plutôt un « cahier des charges » ou un « cahier de doléances » dans lequel des faits de société sont dénoncés. Le texte de Montesquieu aura la même démarche.