Autres articles dans cette rubrique

Recherche

A propos de l'auteur

  • Marine Roux

    Étudiante en 3ème année de licence de Lettres modernes à l’université de La Rochelle.

Accueil || Licence de Lettres || Tocqueville || Comment le goût des jouissances matérielles s’unit, chez les Américains, à l’amour de la liberté et au soin des affaires publiques.

Dans ce chapitre XIV du deuxième tome de son oeuvre De La Démocratie En Amérique, Tocqueville étudie en sociologue le rapport entre la liberté et l’industrie dans les sociétés, notamment démocratiques.

En un premier temps Tocqueville tente de définir d’un point de vue général la parfaite alliance qui unit jouissances matérielles, liberté et affaires publiques. Confrontant l’unique sphère privée désillusionante de la monarchie à la vie semi-collective de la démocratie, il en vient au constat, faisant intervenir des exemples historiques tels que l’organisation des Thyriens, Florantins et Anglais, déclarés comme étant des peuples ’’manufacturiers’’ et ’’libres’’ (p.195), qu’il faut allier et la liberté et l’industrie, soit un mélange entre permission et autorité qui s’auto-alimenteraient par ’’un lien étroit et un rapport nécessaire’’ (p.195).

Le paradoxe et donc lancé, comment une nation peut-elle être à la fois libre et régie, puisque l’industrie demande tout de même une organisation rigoureuse ?
Là le champs s’élargit à toutes les nations et la notion du despotisme apparaît, étant dépeinte comme contre productive, voire ’’particulièrement ennemi ’’ (p.195) à la production des richesses, ici Tocqueville appui ses propos grâce à l’adverbe ’’particulièrement’’. L’égalité au contraire est prônée. Il ne faut alors pas d’un système trop ’’minutieux’’ (p.196), mais bien prendre exemple sur ces nations menées à ’’l’instinct du commerce’’ et au ’’génie de l’industrie’’ (p.196) telle que celle américaine. L’association est alors inévitable, puisque c’est elle qui permet à chaque individu de pouvoir se procurer des biens et richesses. Mais il ne faut pas d’une association aveugle. Le danger, ce ’’passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques’’ (p.196) est alors de creuser un gouffre entre le développement matériel d’une nation, qui ne saurait progresser de même en matière d’idée. Le faisceau se ressert alors sur l’individu dégagé de la masse, qui sent le temps prendre corps et qui tout à son envie insatiable de s’enrichir, se désespère de perdre ce temps devenu si précieux. Tocqueville fait alors preuve d’ironie en déclarant que ces hommes sont ’’graves et occupés des intérêts sérieux de la vie’’ (p.196) tout en ajoutant ’’qu’ils ne se font qu’une grossière idée de la doctrine de l’intérêt’’ (p.196). Sa position d’homme engagé est alors clairement définie. La productivité intensive mène à l’écueil du désintéressement total de l’homme aux questions de politique, et de sa liberté, moteur premier de son confort.

Qu’elles sont les menaces posées par les jouissances matérielles ? L’une des principales menaces de l’acquisition matérielle ininterrompue par le peuple est de créer un élitisme où la ’’multitude’’ (p.198) qu’est ce peuple se voit représenté par ’’quelques hommes’’ (p.198) sur la scène politique. La comparaison de la ’’scène du monde’’ à celle du ’’théâtre’’ (p.198) illustre dans cette optique le décalage entre l’idée de démocratie qui finalement se termine en oligarchie, et n’est plus qu’un spectacle aux yeux des citoyens délaissant leurs devoirs démocratiques.
La conséquence de ce relâchement au plaisir éphémère étant l’hypothétique arrivée d’un orateur despote au pouvoir, traduit par un ’’Si’’ (p.197) de Tocqueville. L’individu poussé aux extrêmes, puisque c’est à cela que s’attache l’étude de l’auteur dans cet extrait, sombre alors dans un état instable et redoute d’être dépourvu de son confort, entrapercevant l’effondrement de sa sphère privée sous le joug de l’anarchie, il est comme ’’emporté et hors de lui même’’ (p.196)

Comment la corruption matérielle peut-elle être contrée ?
Pour éviter cela, l’homme ne doit pas devenir esclave de son bien être, vanté de manière illusoire par un quelconque tyran. Au contraire, il doit s’extraire de sa sphère privée pour participer à la vie de sa communauté, la vie politique et ne jamais laisser s’éteindre la flamme qui cimente cette société, soit la liberté. C’est à ce titre que la simple ’’Paix publique’’ (p.197) ne suffit à mener une organisation sociétale prônant l’alliance du confort et de la liberté.
Pour clore cette réflexion sur la nation américaine, qui au sens de Tocqueville, a su éviter ces divers pièges grâce à une implication et un désintéressement successif de l’individu aux questions de politiques et aux biens matériels, le point est porté sur la notion de raison qui est nécessaire à l’équilibre entre la liberté et l’enrichissement. L’homme doit être maitre de lui même et user de sa raison . Les Américains en ce sens, alliant et la liberté et la productivité apparaissent tel un modèle pour le reste des organisations capitalistes.